79 % des dirigeants de TPE‑PME voient déjà le numérique comme un bénéfice concret, mais seulement 42 % savent le traduire en profit, nous dit le Baromètre France Num 2024. La moitié pleine du verre : l’envie. La moitié vide : la méthode. Je comparerais ça à un road‑trip improvisé, tout le monde veut monter dans le van, mais personne n’a imprimé l’itinéraire.

Un passage obligatoire, mais le brouillard est épais

Vous l’avez entendu mille fois : « se transformer ou disparaître ».

Tout les dirigeants et leur DSI vous dirons que c’est une évidence…

…mais bizarrement, sur le terrain, j’observe encore (trop) régulièrement du bricolage du dimanche : un peu de cloud par‑ci, une appli mobile par‑là pour quelques commerciaux, le tout maintenu sur un serveur bien fatigué.

Le problème ici n’est pas la motivation, mais la visibilité : comment hiérarchiser les chantiers quand chaque service clame que sa demande est critique et prioritaire ?

Faute de vision globale du SI, le DSI manque forcément d’informations pour décider.

Cartographier avant de foncer : pourquoi et comment

Une bonne cartographie limite les erreurs et accélère la mise en œuvre…confession d’une consultante qui a déjà perdu un week‑end à déboguer un routage fantôme.

Sans inventaire, il est impossible de décider quels actifs legacy conserver ou éliminer. La cartographie remet de l’ordre dans le parc applicatif et, surtout, fournit un socle aux décisions.

Concrètement, elle permet :

  • d’identifier les processus métiers où chaque euro investi rapporte vraiment ;
  • de repérer les dépendances techniques critiques (et donc les risques cyber) ;
  • d’estimer le coût complet d’un projet.

Côté méthode, choisissez un outil d’urbanisation léger ou un tableur si vous débutez, mais imposez dès le départ un langage commun : domaines fonctionnels, flux de données, criticité. Il existe notamment des solutions pour les DSI pour s’y retrouver dans leur SI comme myCarto.

Vos équipes auront moins tendance à se tirer dans les pattes si elles partagent le même référentiel 😉 !

C’est l’histoire d’un fichier Access…

Lors d’un audit, j’ai découvert qu’un distributeur de matériel médical stockait encore ses factures dans une application Access… hébergée en dur sur le bureau de la comptable. Or, cette appli alimentait (à son insu) un reporting financier Power BI, via un fichier Excel pivot. Un disque défaillant un vendredi soir, et c’est 240 k€ de commandes qui sont restées bloquées jusqu’au lundi.

Une cartographie sommaire a suffi à repérer ce point faible. La migration vers un service cloud a été bouclée en trois semaines.

Où se cachent les informations essentielles ?

Je croise souvent trois « sources » de vérité, qui, hélas, ne se parlent pas :

  1. Les présentations stratégiques : elles promettent la lune (« full digital d’ici deux ans »), mais zappent la réalité des inté
  2. La mémoire vivante de l’équipe IT : Il suffit que Michel, 32 ans de boite, quitte le navire pour que la doc parte avec lui. Personne ne sait plus pourquoi tel batch tourne à 3 h 17 du matin.
  3. Les wish‑lists métiers : Des fonctions indispensables consignées dans un tableau… qu’on ressort quand le budget est bouclé. Résultat: votre backlog ressemble à une brocante le lendemain de braderie : on y trouve de tout, et surtout du doublon.

La cartographie fait tomber ces silos. Elle aligne ambitions, technique et besoins réels sur un même canevas, redoutablement efficace pour réduire les surprises de dernière minute.

Le DSI face aux dépendances cachées

Fusions, obligations réglementaires et projets SaaS ajoutent continuellement des composants. Chaque nouvel élément crée des dépendances rarement documentées ; sans cartographie, le DSI peine à diagnostiquer les incidents et voit son budget OPEX dériver.

Avec une cartographie à jour, il peut :

  • repérer et supprimer les redondances applicatives ;
  • quantifier la dette technique (coûts, risques) et planifier sa réduction ;
  • prioriser les demandes métiers sur des données factuelles.

Exemple tout bête : la rationalisation de deux CRM redondants dans une ETI que j’ai accompagné, a réduit de 15 % le coût annuel de support logiciel et libéré 20 jours‑homme pour l’innovation (RETEX client).

Transformez la contrainte « legacy » en levier d’optimisation

Globalement, sans cartographie, vous avancez dans le brouillard : votre transformation numérique devient une suite d’initiatives isolées, et chaque serveur d’hier menace de gripper le projet de demain.

À l’inverse, une carte vivante du SI met en lumière les dépendances, les redondances et les coûts cachés. Elle transforme la dette technique en gisement d’économies, sécurise les budgets d’innovation et installe la DSI au cœur de la stratégie plutôt qu’en bout de chaîne.

Cet exercice est un accélérateur de valeur. En rendant visibles les flux et les risques, vous basculez ainsi d’un mode « pompiers / patchs / bruits de couloir » à une gouvernance sereine, capable de négocier investissements et délais sur des données tangibles.

Bref, dessinez votre carte aujourd’hui, c’est la meilleure assurance pour pérenniser votre SI.

Et demain ? Cartographier, c’est aussi préparer une intégration carrée de l’IA dans vos processus. Alors, plan en main ? Le prochain CODIR n’attend plus que votre boussole.